Mon sujet de mémoire traite de l’avant-garde japonaise qui a bouleversé l’industrie de la mode occidentale durant les années 80. Orienté autour de Rei Kawakubo, créatrice de le marque de vêtement Comme des Garçons et figure de proue de ce courant, j’ai mené ma réflexion autour de ses caractéristique principales: la notion d’identité, de la norme, et du modulable, que je vais aborder dans la mise en page de mon mémoire.

 Kawakubo était une des pionnières à révolutionner l’idée du genre pour un vêtement. Ses collections, unisexes, rejetaient toute idée de catégorisation de genre, elle ne veut pas de règles en mélangeant les vestiaires féminin et masculin. Je veux brouiller les frontières de l'identité en les questionnant. Floues, amples et déstructurées, les silhouettes joueront avec l'espace qui sépare le vêtement de la peau.

AMBIGU

NORME

Le vêtement est créé pour correspondre à des normes de genre, si la norme change, alors le vêtement change également. 

Je veux redéfinir les normes du vêtement en l’analysant. C’est une décomposition méticuleuse du vêtement en mettant en valeur les détails de la structure, comme ferait Jacques Derrida avec le principe de la déconstruction philosophique. Cette exploration du vêtement montrera une structure visible, des boutons ou des fermetures à glissière, en liant le fonctionnel à l’esthétique.

Le vêtement se veut « modulable », on peut jouer avec sa fonction. Désormais bien plus que du tissu servant à répondre à un besoin physique de se couvrir, il combine plusieurs utilités. Il ne répond plus aux mêmes problématiques qu'avant, et s'adaptera aux situations.

MODULABLE


mémoire-objet

 

 

Comme un écrivain qui s’exprime à travers un papier,
Kawakubo s’exprime à travers le vêtement. Alors, j’ai décidé de faire mon objet mémoire sur du tissu.


Du tissu cousu en patchwork, effilé, sur lequel est imprimé mon mémoire. Plusieurs bandes de tissus reliées avec des anneaux permettent la modularité du tissu que l’on peut accrocher sur soi de différentes manières ou pendre au plafond.


Pas de couverture, ni de sommaire, car ce n’est pas un livre.
Il n’y a pas de signes graphiques, puisqu’ils ne sont pas nécessaires. Le texte et le tissu se suffisent à eux même pour retranscrire cette esthétique minimaliste. On va à l’essentiel.


 Habituellement utilisée pour la réalisation de prototype, j'ai utilisé la toile pour mon rendu final: spontané, rustique et franc, à l’image du Wabi Sabi, source d’inspiration esthétique importante de Kawakubo.

travail autour de la photographie

J’ai choisi de proposer une série de 4 photos d’identité, au format 35x45mm. Normées, elles sont présentes sur nos papiers d’identité, nos CV, et la plupart des documents importants. Ces portraits sont toujours tirés en plusieurs exemplaires identiques, le chiffre 4, se prononce « shi », de la même manière que le mot « mort ». Signe de mauvais présage, il n’est souvent pas représenté ; par exemple il n’y a pas de 4ème étage dans certains hôtels.


 

C’est donc sur ce principe que les 4 photos partent d’un seul et même portrait, mais auront des retouches différentes. Traitées en noir et blanc pour traverser les époques, la photo est intemporelle et fait se concentrer sur les détails et les émotions dégagées. Le visage n’est visible sur aucune des 4 photos. Seulement des parties comme un œil ou une bouche, commun à chaque être humain.

La distorsion, la déconstruction, la spontanéité, les couleurs, le mouvement : beaucoup de notions que la créatrice reprend dans ses travaux. Chaque photo traite une ou plusieurs notion.

 

La première photo avec un visage déformé fait référence aux photos retouchées, trop retouchées, tellement retouchées que le visage devient illisible, seul l’œil voit.

La deuxième se rapporte au signe agenre, avec un dessin aux traits vifs et un flou qui traite du mouvement.

 

La troisième, à une gamme de couleur inversée. Ce jeu de couleurs, essentiel, est au contraire du principe de la photo d’identité, il efface les traits du visage. Le contour, asymétrique appuie ce propos en contrariant ce principe du « parfait » de ces photos.

Pour finir la dernière ne met en évidence que la bouche, laissant le reste du visage flou. Fondamentale à la communication et de l’expression, la bouche est ma métaphore à l’expression de soi, importante aux yeux de Kawakubo.


La déconstruction et la singularité sont deux choses que l’on retrouve sur l’ensemble de la série.